Elle est la première petite Yéménite a avoir osé braver la tradition patriarcale. Nojoud, 10 ans, avait été mariée de force en février 2008, abusée sexuellement et battue par son mari, de 20 ans son aîné. Un jour, alors qu'elle était censée acheter du pain, elle est partie, toute seule, au tribunal de sa ville, en bus puis en taxi, «Je veux divorcer» lance-t-elle au juge. Elle obtient finalement gain de cause. Par son courage, elle est devenue un véritable porte-drapeau de la cause des femmes au Yémen.
Son histoire exceptionnelle a fait le tour du monde. Elle a témoigné dans un livre, co-écrit avec la journaliste Delphine Minoui. Mardi, elle est venue dans un collège dans la banlieue parisienne, à Pantin, accompagnée de son traducteur et de Sihem Habschi, présidente de Ni Putes ni Soumises, qui la soutient. Une rencontre bouleversante, aussi bien pour elle que pour les jeunes venus l'écouter bouche bée.
Toute petite, perdue devant cette foule d'élèves, elle a l'aplomb malgré tout de raconter inlassablement son histoire, le regard farouche et déterminé. Et même avec le sourire. Mais avec quelques limites : elle ne veut plus qu'on lui reparle de son «ex-mari», trop douloureux.
Et le rôle des médias? Au-delà de cette douloureuse affaire (hélas encore trop répandue), que penser de l'exploitation médiatique qui en est faite?